Etude géologique et conséquences sur notre environnement

La plaine de l’Ain un vaste gisement de granulats.

La plaine de l’Ain est limitée au nord par les collines de la commune de Sainte-Julie et Lagnieu, à l’ouest par la rivière d’Ain et au sud-sud-est par le fleuve Rhône.
Cette plaine caractérisée par un relief quasiment inexistant est un gisement de granulats (alternances de sable et graviers) de plusieurs dizaines de km² de surface.

Il y a 10 000 ans le retrait de la calotte glaciaire d’époque wurmienne va libérer des quantités d’eau très importantes. Le réseau hydrographique de l’époque va remobiliser les sédiments amenés par le glacier, les laver, les étaler et former ainsi sur 5 à 10 m de hauteur un empilement de couche de sables et de graviers plus ou moins calibrés.

La carrière Saint-Laurent s’est installée dans ce gisement pour poursuivre l’exploitation du gravier en profondeur jusqu’au niveau stérile formé par des ensembles argileux marquant également le niveau étanche sur lequel coule la nappe phréatique.

Projet d’extraction et de remblaiement (volumes prévisionnels) – carrière saint Laurent – source : étude d’impact 2019

 

Le gisement de granulats est immergé dans une nappe phréatique correspondant à l’infiltration en profondeur de l’eau de pluie. Ces granulats ont donc également le rôle de stockage et de filtrage de l’eau de pluie ; ils nous assurent une production naturelle d’eau potable grâce a un phénomène de filtration lent et continu : vitesse d’écoulement horizontal de 0.5 à 10 m/jour.

La quantité et la qualité de notre ressource en eau dépendant donc directement de notre capacité à préserver ces formations sédimentaires.

 

Une ressource en eau potable stratégique à étudier pour la sauvegarder.

En 2011, l’Agence de l’Eau consciente de l’intérêt vital de la nappe phréatique de la plaine de l’Ain pour les habitants de ce territoire, commande une étude de synthèse au bureau d’études CPGF-HORIZON. Cette étude vise à définir des secteurs géographiques qu’il faut sanctuariser pour préserver nos ressources en eau potable pour le futur.

Le secteur du puits du Luizard est défini comme ressource stratégique pour la qualité de son eau et la quantité des ressources disponibles.

Un atlas cartographique est édité avec notamment les axes d’écoulement de la nappe phréatique définissant par conséquence les « zones d’alimentation″.

Extrait de l’atlas cartographique du rapport d’étude des zones stratégiques pour l’alimentation en eau potable (CPGF – 2011) – superposition de la modélisation des écoulements (sept 2017) de l’étude d’impact page 113.

 

L’étude d’impact réalisée par l’exploitant de la carrière St-Laurent considère que le projet ne se situe pas dans la zone d’alimentation du puits de captage du Luizard (plus de 8500 habitants alimentés par ce puits).

Carte tirée de l’étude d’impact montrant d’après l’exploitant les sens d’écoulement (en bleu) ; on ne voit pas l’écoulement vers le sud-ouest noté dans le rapport de synthèse de l’Agence de l’eau. (Source : étude impact 2019)

 

Aucune étude de terrain n’est apportée pour étayer cette affirmation. L’étude omet volontairement de prendre en compte l’étude de référence de 2011 et notamment l’axe d’écoulement en direction du puits du Luizard. L’Agence Régionale de Santé le note dans ses 2 avis défavorables sur le projet.

Les études réalisées jusqu’à présent sur le territoire de la plaine de l’Ain ont été menées à grande échelle, elles montrent toutes des axes d’écoulement en direction de la rivière d’Ain, ce qui justifie notamment le débit élevé de l’Ain pendant les périodes d’étiages (fin de l’été), la nappe phréatique alimente la rivière d’Ain.

Pour connaitre le fonctionnement de la nappe phréatique sur notre petit secteur d’étude, inscrit dans un carré de 3km de côté, une étude de terrain spécifique, plus ciblée est nécessaire pour comprendre et modéliser correctement le fonctionnement de cette portion d’aquifère.

Une simple étude de traçage (injection d’un colorant dans les puits de la carrière) permettrait de suivre l’écoulement souterrain de la nappe phréatique en période de haute eau (fin d’hiver) et en période de basse eau (fin d’été). Ce type d’étude nécessite cependant une surveillance des points d’observation sur au moins 1 an.

 

Le puits du Luizard, un captage d’alimentation en eau potable (AEP) menacé par une pollution à l’arsenic.

La nécessité de maitriser les écoulements souterrains est primordiale dans ce projet.

En effet, outre l’extraction du gravier dans la nappe phréatique qui enlève à l’aquifère une partie de la capacité de filtration, le deuxième volet du projet est l’enfouissement directement dans la nappe phréatique de remblais venant en théorie du projet Lyon-Turin.

Le projet ferroviaire Lyon-Turin nécessite le creusement d’un tunnel pour relier la vallée de la Maurienne au Val d’Aoste. Ce projet va générer 27 millions de tonnes de remblai dont 1.5 million de tonnes devrait venir dans notre nappe phréatique.

Ces remblais ne pourront pas être réemployés dans les constructions (granulats, bétons, …) ou dans des projets géotechniques (couche d’arase, talus, …) à cause de leurs caractéristiques physico-chimiques très mauvaises (instabilité chimique pour les bétons, riche en éléments métallogéniques, pas de cohérence mécanique, …).

Nous sommes également inquiets sur l’origine des remblais puisqu’à ce jour l’appel d’offre désignant l’entreprise qui va réceptionner les remblais n’est pas publié. D’après nos informations le marché d’appel d’offre du lot 11 ne sera ouvert qu’à partir de juin 2020.

Si nous ne réceptionnons pas de remblais du Tunnel Lyon-Turin, quel type de remblais allons-nous recevoir dans notre nappe phréatique, notre inquiétude ne cesse de grande ! …

L’Agence Régionale de Santé confirme dans ses deux avis sur le projet, que ces remblais sont des sources d’arsenic et donc peuvent engendrer des pollutions de notre captage AEP.

L’exploitant a réalisé une modélisation pour estimer la dispersion de ce polluant (arsenic) dans la nappe phréatique. La modélisation est faussée parce qu’elle ne tient pas compte de l’axe d’écoulement vers le sud-ouest en direction du puits du Luizard. Nous n’apportons donc aucun crédit à cette modélisation bâtie sur des données partielles.

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